
Milieux naturels
Ce paysage, représentatif des Hautes Alpes calcaires du point de vue biologique, présente divers milieux naturels qui abritent une flore et une faune alpine très variées. Cette richesse tient à la topographie mouvementée, à la diversité des roches et à l’amplitude altitudinale réunissant sur une faible distance le coteau viticole steppique d’Ardon, à 500 m d’altitude, et le glacier des Diablerets qui atteint 3200 m d’altitude. La présence de nombreuses espèces en limite d’aire et s’arrêtant aux portes du bassin rhodanien, comme le hêtre, dont on trouve ici les seuls peuplements du Valais central, ou la Vipère péliade (Vipera berus) – une espèce en danger – et la Salamandre noire (Salamandra atra), s’explique par la situation géographique du site, entre le climat humide des Alpes vaudoises et celui, sec, du Valais continental.
Grâce à l’orientation dominante du versant au nord-ouest, à l’influence du climat subatlantique lémanique humide et à l’altitude moyenne élevée, ce sont les milieux subalpins, alpins et nivaux qui sont les plus représentatifs de ce paysage. Ils déploient toute la succession dynamique des stades de colonisation de la végétation alpine: grands éboulis mobiles ou fixés, dalles rocheuses, moraines, pelouses et landes alpines, combes à neige et autres.
Avec leur importante richesse floristique, les milieux naturels de ce paysage rassemblent près de la moitié de la flore suisse. La plus grande diversité se concentre autour des principaux sommets, qui sont le refuge de plantes alpines rares, comme la Minuartie à deux fleurs (Minuartia biflora) ou la Saussurée basse (Saussurea alpina subsp. depressa).
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Au-dessus de la limite des forêts, la qualité et la tranquillité des habitats naturels font de la région un site important pour la faune alpine, particulièrement riche. Le paysage se caractérise par de vastes pâturages et par des mosaïques de zones humides, milieux plus secs, éboulis, milieux pionniers et petits plans d’eau. Les nombreux milieux ouverts, et en particulier les éboulis, favorisent les reptiles, à l’exemple de la Vipère péliade (Vipera berus), une espèce en danger. L’avifaune compte plusieurs espèces spécialistes des milieux d’altitude, comme la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca).
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Ce territoire, situé majoritairement aux étages subalpin, alpin et nival, est dominé par l’élément minéral et caractérisé par de hautes parois, des éboulements, des éboulis, des dalles et des pelouses rocheuses. Ces milieux naturels sont le refuge d’espèces spécialisées, telle la Crépide naine (Crepis pygmaea), et le domaine du Gypaète barbu (Gypaetus barbatus), une espèce au bord de l’extinction. Les vastes pelouses sèches, voire steppiques, se caractérisent par une flore et une entomofaune très riches. Le versant sud du Haut de Cry et le cirque de Derborence abritent plusieurs prairies et pâturages secs d’importance nationale.
Sur les versants escarpés des vallons et de la plaine du Rhône, les forêts couvrent de grandes surfaces. Les importantes différences altimétriques entraînent une diversité marquante en termes d’associations forestières. A l’étage montagnard, les forêts sont dominées par les hêtraies à chèvrefeuille des Alpes (Lonicero-Fagenion), les hêtraies xérothermophiles (Cephalanthero-Fagenion), les hêtraies à sapin (Abieti-Fagenion) et les pessières-sapinières (Abieti-Piceion). Les pessières caractérisent les forêts de l’étage subalpin. Localement, des conditions géologiques ou topographiques particulières se traduisent par des types de forêts spécialisées, comme les pinèdes de montagne à bruyère (Erico-Pinetum montanae) des pyramides de gypse du col de La Croix ou les érablaies de ravin méso-hygrophiles (LunarioAcerion) de la vallée de l’Avançon, reliques de l’époque atlantique. L’érablaie à alisier (Sorbo-Aceretum), une forêt précieuse et très rare, est ici assez récurrente. Le versant nord-ouest de la Croix de Javerne se caractérise par une remarquable succession forestière, depuis les châtaigniers de Bex jusqu’aux peuplements naturels en limite supérieure de la forêt, accrochés aux bancs rocheux. Ces forêts abritent plusieurs oiseaux typiques, notamment des tétraonidés comme la Gélinotte des bois (Bonasa bonasia).
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La richesse en associations forestières est liée aux grandes différences altimétriques de ce paysage. Sur les versants secs et ensoleillés au nord d’Ardon dominent les chênaies à saponaire (SaponarioQuercetum) et les pinèdes à bugrane (Ononido-Pinetum). A l’étage montagnard dominent les pinèdes à bruyère (Erico-Pinetum). L’étage subalpin est caractérisé par les pessières-sapinières à adénostyle (Adenostylo-Abieti-Piceetum) et les forêts de mélèzes et d’aroles (Larici-Pinetum cembrae).
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La cuvette de Derborence se caractérise par une mosaïque de milieux naturels. Une partie de l’écroulement des Diablerets, le delta de la Derbonne ainsi que le cône de déjection de la Chevilleince sont occupés par une zone alluviale d’importance nationale, qui englobe aussi le lac de Derborence. La forêt vierge de Derborence, dite de l’Ecorcha ou Ecorchia, couvre une surface de 25 hectares. Localisée à l’étage subalpin, elle est l’une des rares forêts primaires du pays et abrite des sapins monumentaux ayant près de 450 ans.
Les gorges rocheuses et boisées de la Lizerne ainsi que les grands versants secs couverts de pinèdes, de chênaies, de pelouses steppiques ou de lapiaz sont riches en espèces, dont le rare Dracocéphale d’Autriche (Dracocephalum austriacum)
La topographie tourmentée de ce paysage alpin, en grande partie district franc fédéral, est à l’origine d’un grand nombre de milieux naturels variés abritant plusieurs mammifères et oiseaux sauvages. À Ensex, près du col de la Croix et un peu au nord des pyramides de gypse, un bas-marais d’importance nationale se niche entre les vastes pâturages boisés. Au bord de l’Avançon d’Anzeinde, à Solalex, une zone alluviale d’importance nationale héberge une importante diversité faunistique et floristique. Sur les versants ensoleillés, le substrat calcaire est favorable aux pâturages secs – dont plusieurs sont d’importance nationale –, répartis jusqu’au sommet de l’étage subalpin.
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